Il faut savoir quitter la table

pleur

…quand le meilleur s’est retiré.

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Tout a été dit sur les pokers point com et point fr. Sur les mains faites, les brelans d’as flopés et autres mains fétiches que d’aucuns ne lâcheront jamais. Sur le désespoir des joueurs, lorsque tombe la méchante rivière qui les dépouille de tous leurs gains, patiemment accumulés. Vous reviennent alors en boucle, les paroles de Charles Aznavour…
« Lorsque que l’on cherche une main, que l’on ne vous tend pas »

Il en va de même pour nos habitudes au poker. Nous ne devons pas rester figés sur des « effets mode » en considérant que ceux-ci auront une influence sur vous et vos pairs toute la vie. Je ne veux pas dire qu’il vous faut créer votre mode, votre dada ou tout changer du jour au lendemain, mais il ne faut pas se laisser enfermer dans des systèmes pernicieux et hasardeux. Que peut-on tirer d’une somme de hasards ? L’homme lui-même, résulte-t-il de cette infinité de hasards ? Auquel cas, nous ne serions que les fruits  d’une des innombrables séries de combinaisons avortées. Peu glorieux ? Oui, mais possible !  Amusant de considérer que l’homme pourrait être réduit à n’être qu’un tirage heureux ou malheureux, au même titre qu’un turn ou une river. L’homme, donc, serait cette réussite paradoxale, sans cesse remise en question. Diderot aimait à dire « Qui sait si ce bipède déformé, n’est pas l’image d’une espèce qui passe… Qui sait quelle race nouvelle, peut résulter derechef d’un amas si grand de points sensibles et vivants ». Je me suis toujours gardé des modes comme du sophisme de l’éphémère. Ce concept contre lequel je mets (plus ou moins adroitement) les hommes, et surtout les jeunes joueurs en garde. Diderot ajoutait à sa mise en garde un corollaire du genre : néanmoins, assurez-vous de la continuité et du devenir de cette espèce, véritable don du hasard… Pauvre Diderot… Les siècles ont passé. Les modes aussi ! Si Diderot a eu, en son temps et plus que quiconque à son époque, le sens, le souci et le respect de cette prodigieuse aventure qu’est le devenir humain, force est de constater qu’au siècle des lumières, sa tâche était largement simple qu’au XXI° siècle.

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Les modes n’ont plus de saison
et inversement…

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Doyle-BrunsonHypothèse. Considérons que le poker a 120 ans. En près d’un siècle, les 2 variantes principales qu’étaient le poker fermé et le No Limit Texas Holdem, n’ont guère évolué. Que ce soit à Dallas ou à Paris. En fait, le jeu a stagné ; il n’a fait que migrer, se déplacer. Du Texas et ses typiques vachers (les cow boys) aux repaires de brigands (Chicago). Cette mutation des campagnes américaines vers les grandes villes du nord, a valu au poker d’endosser l’image négative qu’elle traine encore dans certains milieux. L’effet de mode, pour le Texas Holdem, a mis près d’un siècle à muter puis à traverser l’Atlantique. Puis, en 30 ans (de 1970 à 2000 environ), le monde s’est mis à l’heure texane. On a tous appris les bases d’un poker plus « professionnel ». Moins hasardeux. Certains ont vendu des potions magiques, d’autres des machines ou des formules mathématiques. Bref, tout était bon pour dégourdir, dégrossir les populations incultes en terme de poker et pour les initier à ce jeu. Mais pas trop. En 30 ans, que ce soit au poker ou dans toutes les industries de pointe, on a évolué bien plus qu’en 3 siècles… Puis, le virus-poker a muté sur le Net. A partir de ce moment, on a pu voir que les modes comme les générations se raccourcissaient de plus en plus vite. A noter que c’est la seule pandémie qui n’a pas été endiguée par l’OMS. En effet, les joueurs ayant contracté ce virus, inoculent les copains en communiquant « quelque chose » à quelqu’un, en lui transmettant par une sorte de contagion morale, des idées, des opinions, des effets pervers jugés extraordinaires… Ceux-ci sont jugés dangereux. Cela s’appelle inoculer la passion du jeu. Le vaccin, est gratuit, au bout d’une ligne téléphonique dont on ne compose jamais le numéro. Les vaccins sont laissés dans les labos, en cartons de 1000, détruits au nom de la mode et du rêve. 

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On a le droit de regarder les belles choses…

 

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Le poker-business on line a donc eu, à la fin de ces 30 glorieuses (par conséquent, dans les années 95 à 2000), environ 1 an pour se rôder, appréhender le futur marché et assimiler le « know how ». Puis 5 ans pour amortir ses investissements (en l’état des lois c’est à dire quasiment free market) et réaliser les profits inhérents à leurs mises de départ et leurs ratios d’exploitation prévisionnels. Aujourd’hui, 10 à 15 ans après, les Lois et le Fisc de chaque pays ne sont que des aléas, des détails pour Le Grand Business. Les gros sites s’adaptent toujours aux lois de façon pragmatique, tout comme le fisc s’est, quant à lui, toujours adapté en aval aux marchés émergents. Les 2 ou 3 « gros » mondiaux ont conquis leurs parts de marché. Demain, ils vont les gérer, les digérer même si ces dernières semblent se stabiliser, voire s’amenuiser. Les « gros » qui n’ont pas pris le virage à temps, se sont retirés avec clairvoyance. Les « petits » qui ont insisté, se sont écroulés, s’écroulent et/ou continueront de s’écrouler. Je suis navré de dénommer « petits » les rooms ou sites sur lesquels hier encore, nous jouions. Mais les lois des marchés financiers ne souffrent aucune exception. Seuls les chiffres parlent. Il ne viendrait l’idée à personne de comparer le groupe Barrière et le Groupe Accor S.A. Donc inutile de mettre en regard Pokerstars (par exemple) et Joaonline ! Ce serait inapproprié.

 

johnny2Au lieu de pleurer l’âge d’or, selon les joueurs qui s’expriment sur les forums, changeons donc nos habitudes. N’attendons pas que les modes changent. Cessons de n’être que les suiveurs d’entrepreneurs sur qui nous crachons (tout en continuant de les alimenter), dès qu’ils réussissent. La preuve, 10 ans après, nous les regrettons déjà, qualifiant le point com… d’âge d’or ! Lol. Dans 10 ans vous regretterez le point fr comme d’autres regrettent les pattes d’éléphant ou le twist !

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Pourquoi faut-il savoir quitter la table ?

C’est bien entendu une métaphore. Pour garder notre plaisir ou notre passion pour le poker intacte, il nous faudra changer quelques unes nos habitudes ! Pas grand chose, mais soyons assurés que changer celles-ci, décuplera le plaisir que nous prenons avec notre jeu fétiche.

Faire une pause, voire plusieurs pauses par an !
Un break. C’est indispensable. Comme un grand amateur de vins se doit de faire une pause d’un mois ou deux, pour que se régénèrent les organes vitaux et les sensations qui se perdent. Comme un joueur de tennis perd « ses sensations » au coup droit par exemple. Ou son swing au golf… Tout le monde sait cela. Au poker, on a tendance à moins se le dire car l’addiction nous guette tous. Surtout on line. Il y a du fric au bout, mais résultat, 10€ après 10€, nous perdons notre temps et notre argent. Donc, break !

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Ocheval22n line, la forme et l’envie priment ! La forme prime la classe en matière de chevaux de course ? Au poker,c’est pareil. Soyez certains qu’un joueur amateur correct ne fera qu’une bouchée d’un joueur connu, si ce dernier a mal aux dents, que sa femme l’a quitté la veille et qu’il « doit » néanmoins jouer une partie car « contrat oblige ». Combien de fois nous sommes-nous engagés dans des tournois à 5, 10 ou 50 euros, à la maison, sans être motivés ? Combien de fois, au bout de 30 minutes, avons nous « pété les plombs » ou tilté en envoyant tapis et advienne que pourra ?  Oui, moi aussi je le fais. Souvent.

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lac_majeur_4Privilégier désormais les sorties… Il faut faire avec ce qu’on a. Donc anticiper. Le destin du poker n’est pas entre nos mains. Je le dis de façon très péremptoire, mais c’est un fait qui se vérifiera dans l’avenir. Il n’est entre les mains de personne, car il est inintéressant. Les quelques dizaines de personnes dédiées à étudier le phénomène poker dans les 4 ministères concernés et les 7 ou 8 groupes et Autorités constitués, sont de moins en moins enclines à proposer des solutions à leur ministère de tutelle. Mais là n’est pas la question aujourd’hui.

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piscineAlors anticiper et faire avec ce qu’on a ? Facile, les lois et les gros sites ne changeront pas. Donc, vous sélectionnez vos 3 ou 4 rooms et les tournois les mieux dotés (rapport buy in – récompenses) et vous les faites quand vous le sentez. Vous lâchez le mulot au lieu de passer vos nuits à le caresser et vous gardez votre argent pour vous faire un diner break au Cercle Cadet + tournoi garanti. Ou un week end à Deauville, La Baule ou Aix en Provence. Puisque les groupes hôteliers se sont mis au poker et inversement, il y a de bonnes opportunités à saisir ! Et s’ils sont trop « timides » pour communiquer, prenez les devants ! Ils sont ouverts à tout, je vous le dis ! Les TGV vous dépayseront en 2 ou 3 heures, à prix très modique ! Et si vous doublez votre temps de voyage (pas votre budget) , l’Espagne et l’Italie vous tendent les bras !

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Castel Marie Louise, La Baule.

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Bien souvent, reconnaissons que nous avons dépensé (on parle de budget consacré, à !) donc nous avons dépensé 4 ou 500 euros certains mois ! On n’en a aucun souvenir. Normal, les petits buy in succèdent aux petits buy in… Et n’affectent pas vraiment nos budgets. Hé bien je vous garantis que si vous changez vos habitudes dès la rentrée, comme nous serons forcés de toutes manières de le faire un jour ou l’autre, nous serons gagnants sur toute la ligne ! Partir en week end tous les mois ou tous les deux mois, cela vous fera des souvenirs, des partages de moments forts avec vos proches, des rencontres, des visites et des sorties hors vos habitudes et votre région etc… Sinon ?
Ne changez rien, la vie est belle quand même ! Mais l’avenir d’un poker solide, établi, passe par l’ouverture vers d’autres horizons, par des rencontres, lesquelles ne sont pas des vues de l’esprit, mais seront des vérités vécues !

Le poker fermé est dépassé… Soyons ouverts,

dans nos esprits, dans notre poker

et envers autrui !