C’est à la suite de plusieurs témoignage et demandes que j’écris ce petit article. Loin de vouloir remettre en cause ou porter un jugement sur l’efficacité des lois ou règlements en place, donc sur le fond, cet article n’évoquera que la forme de ces petits prêts d’argent. L’imagination fertile des emprunteurs. Les raisons invoquées. Les excuses expliquant leur incapacité à rembourser. Ces quelques exemples suffiront à vous convaincre, je pense, de ne pas céder à la tentation de dépanner une relation de jeu. Car il est bien entendu que les gens que vous croisez au champ de courses ou au Cercle, ne sont pas vos amis d’enfance, des « parents » ou des proches.

rouleau-billet-300x300

Lorsque vous êtes un joueur normal, entendons par là, un joueur récréatif, occasionnel, ayant une famille et un job, vous êtes la cible idéale. Pourquoi ? Mais parce que vous avez des revenus fixes, alors que le « joueur emprunteur » n’en a pas (en général). Et suivant son terrain de prédilection, il sera jour après jour, à Enghien, à Vincennes ou dans un Cercle de jeux. Peut être les trois, suivant les horaires. Pour lui, vous êtes un futur DAB*.

* Distributeur automatique de billets.

.

Vous êtes par conséquent une relation. Un éventuel futur distributeur de billets. Une bonne tête de RIB, en quelque sorte ! Vous avez croisé ces gens, tout comme moi, et ils sont en général affables, courtois, urbains. Généreux quand la chance leur sourit. Ils vous saluent, engagent la conversation, connaissent les jeux mieux que vous, et sont généralement gagnants ! Ils ne manqueront pas de vous le rappeler, s’ils ont quelque chose (un jour) à vous demander.

.

DAB-Bank_logo

.

1. Il faut savoir une chose. Le futur emprunteur ou joueur à crédit, ne raisonne pas comme vous et moi. Quand il mise 100 euros sur un cheval à 3 contre 1, il ne dira pas s’il gagne, « j’ai gagné 300 € moins la mise 100 € donc j’ai gagné 200 euros ». Ce genre de client raisonne de la façon suivante : je mise 100 €, il sont perdus, a priori. Que ce soit à la boule ou à St Cloud, ils ont tous le même schéma dans la tête. L’argent joué est a priori perdu. Donc s’il rapporte 300 euros, mise incluse, il a gagné 300 euros nets. C’est extrêmement clair dans sa tête.

2. L’argent joué à crédit, admettons ces 100 euros, suivent un processus très spécial dans la tête des joueurs à crédit et dans leur façon de voir la vie. Ils reçoivent l’argent de la part d’une tierce personne et tant qu’il n’est pas joué, il y a ce phénomène de « reconnaissance de la dette » qui existe. (dette de jeu, dette d’honneur etc… et tout le baratin façon Cosa Nostra, que l’on entend sur tous les champs de courses et/ou casinos du monde entier, quand on a fréquenté un peu les deux côtés du miroir). Mais, dès que la course ou la bille est lancée (ou les jetons posés sur la table), cet argent est un peu comme le pot au poker : il devient du dead monney. Il n’appartient plus à personne. De 2 choses l’une : si le joueur gagne, l’argent ramassé n’appartient qu’à lui et à lui seul. Si le joueur perd, c’est pas de chance et Vilain ou Vilaine a beaucoup de mal à reconnaître qu’il doit rembourser cette mise qu’il a perdu pour des raisons X ou Y, mais qui ne le concernent pas. Dès lors, la course au remboursement est lancée ! Je vous recommande d’avoir de bonnes chaussures et un téléphone illimité.

.

credit-responsable_m

.

Souvent, je me suis demandé pourquoi les banques prévenaient leurs clients de cette banale évidence.
Ou encore pourquoi les labos pharmaceutiques recommandaient de ne pas boire un collyre antibiotique…

tete de

Maintenant, je sais…

.

.

Les motifs d’emprunt.

Nous allons faire un mix des 3 témoignages, sans bien sûr, citer de noms. Quoique… Un exemple concerne les courses de chevaux et les deux autres, le poker. Le premier, au casino d’Enghien, il y a très peu de temps, le second dans un Cercle parisien, il y a quelques semaines déjà. Ce qui nous intéresse, sont les raisons fallacieuses évoquées. L’imagination des uns. La crédulité des autres. Et puis le burlesque de certains scenarii, dignes des plus grands pour monter des plans excuses… Et le tragi-comique de la victime, qui continue de s’accrocher à ses 300 ou 1500 euros, alors que la raison et son bon sens lui dicteraient de tirer un trait sur son argent et sur le « malade ».

– toujours rester plausible : avouez que si Vilain vient vous voir, dans un casino, pour vous dire ; « je gagne 1500 € par mois, j’en ai déjà dépensé le double, peux-tu me dépanner s’il te plait ? »… Vous lui direz non à 99,99 %. La méthode n’est pas bonne. Le lieu choisi pour la demande non plus.

– En revanche, si Vilain ou Vilaine vous dit :

« Nom de D…, tu ne devineras jamais ! Tu me connais, je suis prudent, je n’ai pris que 1000 euros sur moi. Je sors un carré de 7, il y a 10 minutes. Là dessus, un gros nul me met à tapis. Je n’aime pas prendre du fric aux débutants, mais là, je suis obligé d’y aller. Ce con touche sa quinte flush river. Impensable ! Bref, la déveine… » Et là, il vous prend par le bras et vous dit :

« Cela ne va pas m’empêcher ni de dormir, ni de t’offrir une coupe »… tout en rigolant de cette bonne farce que les dieux lui ont fait, mais dont vous n’avez pas été témoin ! Il sort quelques billets de 20€, laisse un confortable pourboire, vous prend à part (hors les chastes mais gênantes oreilles du barman) et vous invente alors l’histoire du siècle :

« Écoute, ma BM est au parking, bien rangée, j’habite le XVI° comme tu le sais (en fait, on ne sait rien de lui sauf qu’il est toujours là quand vous venez) et j’ai oublié ma Visa. Exceptionnellement, car moi-même, je ne prête jamais, pourrais-tu m’avancer 1 000 euros ? Je sais bien que toi comme moi, nous sommes différents des autres… je suis certain que cela ne te gênera pas. En fait, je suis certainement le plus gêné des deux ! »  Et là, ou vous infligez un camouflet à ce sympathique nouvel ami, ou vous le dépannez pour lui éviter le désagrément d’avoir à faire des kilomètres de queue dans les embouteillages.

– Vilain2, lui, a des problèmes de Visa. Non, non, pas ce que vous pensez a priori. En fait, il est gérant de société et n’a pris que sa Visa pro. Comme il est prudent, vigilant, honnête, responsable, etc… jamais il n’ira tirer 300 euros avec celle-ci. Et sa Visa perso ? Oubliée, confondue, sa femme l’a prise etc… Alors, Vilain2 vous la fait cool.

« Je ne te demande pas la lune, prête moi juste 300 euros pour mon inscription au sat’. D’ailleurs mon ami vient me retrouver à minuit, et je te les repasse de suite. » Avouez qu’il faudrait être inhumain et sans cœur pour lui refuser ! Sauf que : problème, vous le gentil prêteur, qui faites un tournoi, avez votre pause à 23 heures, vous l’apercevez à une table de cash game entrain de s’envoyer en l’air avec votre fric ! Puis à celle de 1 heure du matin, vous le voyez noyer son chagrin au Champagne avec votre fric. Et que son ami n’est pas venu à minuit. Pas grave, il viendra demain dimanche (à Enghien) à 12h00 pétantes, pour votre inscription au 1500€. Puisqu’il vous manque désormais 300 euros pour vous inscrire… Bref, démerdez-vous, jamais il n’est venu, jamais il ne viendra.

.

Les raisons du retard de remboursement.

.

Principe N° 1, ce n’est jamais la faute de Vilain.
Principe N° 2, si vous mettez la pression sur Vilain, c’est vous qui êtes mal éduqué.
Principe N° 3, Vilain ne vous a jamais forcé à le dépanner. C’est vrai.
Ces 3 arguments, tout prêteur en a fait les frais.

.

pinocchio

.

Raisons stratégiques évoquées entre autres excuses « généralistes », dans l’intervalle du prêt et du non remboursement : votre Vilain s’est fait plaquer, il a déposé le bilan suite à des impayés. Il s’est fait licencier. Bon, là, au moins, vous savez où vous en êtes.

Raisons tactiques sur le court terme : Vilain a eu une saisie arrêt sur ses comptes (une erreur bien sûr, Vilain n’a pas de dettes). Vilain s’est fait arrêté hier soir, en rentrant, et il avait 0.80g. Plus de permis, la nuit en cellule de dégrisement, donc pas possible de venir au rendez-vous fixé. Plus de batterie à son téléphone (voire plus d’unités). Envoi de chèque par la Poste. « Je me suis trompé de code postal, je voyais Nogent sur Marne dans le Bas Rhin… Je t’envoie un mandat cash, car je suis à Cannes, au Martinez : N° K75PB4. Quoi ? Le numéro ne fonctionne pas ? Mais ils sont cons ces postier ! Allez j’y retourne ! » etc… Jamais en 3 semaines, cet emprunteur de 300 euros,  ne parviendra à donner de probantes raisons, à commencer surtout, par la vérité qui est :

« j’attends le 7 du mois, je ne suis pas gérant de société, je suis au chômage et je joue » (mal, car j’ai trop de pression).

 

 Comment cela finit, suivant les cas.

Ne parlons pas de ces cas de figures tragiques et exceptionnels. Les journaux sont là pour les relater. Le plus souvent, on se fait la gueule… jamais le remboursement n’arrive, sauf à prendre sur le fait Vilain sur le fait, une liasse de billets à la main, et le menacer de faire un scandale. Ou lui mettre une fessée, ou encore lui faire mettre une fessée, lui piquer sa femme, lui crever les pneus ou un œil (pour œil etc…) lui arracher une dent (pour dent), le dénoncer à vos amis patrons de casinos et cercles, pour lui mettre la honte, téléphoner à sa maîtresse (maîtresse d’école ou dans la vie)… and more ! Le pire, à l’évidence, serait de le griller partout, pour que jamais il ne recommence… Payer un copain pour le suivre partout, déguisé en pink panthère… comme au Canada ! Pour son bien ? Il ne le croira jamais.

.

pink

.

.

Petit aphorisme, transformé pour la circonstance :

« Le jeu est la Novocaïne de l’esprit. Le problème, si vous arrêtez le traitement, c’est que la douleur revient. Plus forte. Seule solution, augmenter les doses ».

.

.roulette-numbers

.

.

Un conseil ? Lorsque quelqu’un que vous aimez bien vous demande un dépannage, ou vous lui refusez le service, ou vous lui offrez amicalement la petite somme qu’il vous demande. Moi, personne ne me doit de l’argent. Chaque fois que j’ai pu aider un ami, je l’ai aidé. Par amitié. Car l’argent, ce genre d’argent du jeu à crédit n’existe pas. C’est de l’argent brûlé, flambé, un moyen de faire semblant d’exister.