Ed.MichelLafon

Alexis Laipsker

 

     Après seconde lecture, j’aurais bien aimé lui glisser une peau de banane ou une vacherie quelconque. J’aurais bien voulu le casser à ma façon, (à la mode de Bretagne) comme tant d’autres dans le Small World… Impossi... non, improbable ! Possible mais à 3 ou 4%. Bien qu’il ait été aidé par de nombreux talents afin de bâtir, structurer ou documenter son polar, Monsieur le Directeur s’en est super bien tiré.

 

    Ce super roman est même parvenu à se glisser en douce dans nos valises, afin de passer trois mois de vacances en notre compagnie. Nous fûmes confinés à la Pointe du Raz, dé-confinés à St Malo. Puis nous avons navigué vers les îles de Bréhat et Groix. Et pour finir… de Belle Île à Quiberon, avant de nous en retourner à Crozon, un peu moins écervelés…

Joli parcours Directeur…

 

Le polar d’Alexis Laipsker est revenu corné, écorné, plein de sable, de sel, d’algues sèches, de coquillages… Sali, abîmé, meurtri, passé au soleil, mouillé, séché…  Outragé, brisé, martyrisé, mais enfin, libéré ! Il fut un fidèle compagnon iodé, durant 75 jours et plus, avant de passer entre d’autres mains et par d’autres lieux…

 

1% de chance de le rénover après lecture intense

 

     D’aucuns ont dit de cet ouvrage : « Un polar qui se lit bien, voire facilement, que l’on dévore à pleines dents… » 
     Ok ok… Mais : Jugements néanmoins trop succincts, trop hâtifs. Le romancier Laipsker mérite mieux qu’un entrefilet dans le Trégor ou le Télégramme de Brest ! Je ne partage donc pas ces avis, car l’auteur a souqué ferme. Il a bâti trois enquêtes concomitantes : La première dans le Luberon, puis en Alsace et la troisième dans la capitale de la gastronomie française. Ce, sans ordre préférentiel. Trois enquêtes qui  bien sûr,  (restons) Français, aboutissent Place Beauvau, parisianisme oblige. Ces personnages et déplacements forment une géo-trame très dense et une tension qui monte crescendo. Il vous faudra mémoriser lieux et personnages pour vous passionner d’avantage, et, pourquoi pas, tenter de mener votre propre enquête avec les indices découverts chapitre après chapitres.

C’est un vrai roman façon série noire, cadencé avec la maestria d’une solide plume, elle-même maniée par un fort en thèmes, doublé d’un fort en maths, pour agrémenter votre lecture de statistiques façon poker 😉  Amical clin d’œil à ce monde qu’Alexis a bien connu et accompagné de main de Maître, pendant dix années. Conclusion : Le Directeur est doté de plusieurs talents.

 

Abbaye de Sénanque, au pieds de Gordes. Non loin de Bonnieux, village situé face à Lacoste, le village « sadique » évoqué par l’auteur.

 

     Pourquoi ce polar est-il « différent » ? Parce qu’il est loin d’être une série noire ordinaire. De celles que l’on achète au relais H du coin puis que l’on abandonne au terminus d’un TGV, d’un autocar ou d’un Airbus. Parce qu’il faut se creuser (un peu) la tête pour ne pas être largué. Parce qu’il est ardu de tenter d’en démêler l’écheveau. Et très difficile de pénétrer l’Esprit de l’auteur. Donc l’aboutissement de cette enquête tripartite « Et délivrez-nous… »  du mal au crâne, à force de vouloir à tout prix découvrir le/la/ou les coupable(s).

     Même si Canelle* me laisse un peu sur ma faim… Sur la fin. Remarque plausible à 28%. Environ.

     Oui, cette première série noire (ou plutôt grise, compte tenu de la matière évoquée) devrait être un Bestseller au niveau hexagonal. Voire des pays francophones. J’imagine qu’une première traduction en langue anglaise est prévue. Peut-être même, une version film (Netflix ?).

* Canelle : Dérivé de Cannelle. Le prénom Canelle est une invention française, qui ne se retrouve nulle part ailleurs. Il est en hausse ces dernières années.

 

     Offrez-vous-le en vous rendant au Club Clichy Montmartre, faites-vous dédicacer ce livre par l’auteur !  Il se trouve qu’après avoir été Directeur chez Pokerstars, Alexis est encore Directeur. Chez CCM cette fois ! Faites-vous plaisir. Ce bouquin compte parmi les meilleurs que j’ai lus depuis 6 mois ! Ainsi soit-il !