Départ Cochinchine. Paul 3° dr.

Rappel Part 1. Nous tentons de découvrir les secrets de la vie de Paul2A. Nous sommes remonté à la source de son village, en Corse, puis à son engagement dans la Légion! Nous avons vu en direct Paul revendiquer poliment un »chapeau » et une cravate verte, contre une simple signature… Paul arrive donc à la caserne, l’aventure n’est pas finie. La « Chine » attend notre héros et si les frontières entre Chine, Indo, Vietnam et France demeurent confuses pour le lecteur, elles le sont plus encore pour Paul2A… Seconde partie, Saïgon…

Houla…Il les a eus, Paul,  ses cravates vertes et ses képis blancs…Il y a même côtoyé pendant 5 ans, sapeurs et tabliers de forgerons. Non, non, pas ceux auxquels vous songez… Après ses classes, un 30 avril (Camerone), la compagnie de Paul fut rassemblée en Aubagne pour célébrer cette bataille historique et héroïque que mena le capitaine Danjou et ses hommes. Au terme d’un discours commémoratif, l’officier de Paul, le capitaine Duboudin, s’adressa à sa compagnie en ces termes : « Légionnaires! La discipline faisant la force des armées, il importe que tout supérieur obtienne de ses subordonnées une obéissance et une soumission… »

Paul leva aussitôt le bras! Il souhaitait dire qu’il n’aimait pas être en position de « soumis », étant plutôt actif dans ses relations amoureuses. Le capitaine, qui n’avait pas fini sa harangue, lui dit : « Secondi, vous ne m’avez pas laisser finir ma phrase et déjà, vous levez le bras! volontaire pour la mission! Félicitations. Je vous nomme 1° classe! » Et Paul de sourire béatement, en pensant déjà aux voyages qu’il allait faire autour du monde en première classe, donc! « Secondi, vous avez 3 jours pour embrasser vos proches, étudier cette carte et vous décollez en mission d’infiltration, à Saïgon, dans le quartier de Cholon, pour finir le travail que nos Grands Anciens n’ont pas pu achever en 1954! Fozzano est fière de vous! A noter que vous rejoindrez là-bas, un agent américain! Rrrrrrompez! »

Paul alla embrasser sa famille, ses amis et le papé assis près de sa caserne, le papé Fernand qui était là, assis dans ce fauteuil… Paul lui expliqua tout par le menu, et lui dit pour finir! « Tu vois Fernand, finalement, si les ricains n’étaient pas là… » Et le vieux Fernand de lui dire! « Pas mal du tout, Paul, viens me voir dès que tu rentres! Tu me fais plaisir! Et à mon petit Michel aussi. Je lui raconte tout…

Carte d’une extrême précision ci-contre

A peine arrivé à Cholon, Paul entra en civil dans ce qu’on appelait à cette époque, un « salon de thé ». Une Taïpan  lui vendit 2 tickets à l’entrée, tickets qu’il paya en pensant qu’il s’agissait de deux bons à échanger au bar contre boissons! AU FAIT…Quelle était donc la mission de Paul2A, (nom de code Légion « SeCondi-raton » ) Cette mission était simple mais délicate! Il lui fallait dans un premier temps, entrer en contact avec un « honorable correspondant » yankee, un ancien de l’OSS, nom de code « T2off« . Puis ils devaient ensemble récupérer un « chinois ». Le rendez-vous était fixé entre 18h00 et 20h00. T2off lui donnerait les infos manquantes. Il était 18h00, donc il avait du temps à revendre. Paul avait les yeux qui sortaient de leurs orbites. Au bar, pas moins de 25 jeunes femmes étaient juchées sur des tabourets et  toutes ces beautés aux jambes interminables, semblaient le regarder! Il avait certes l’habitude d’être admiré à Fozzano, le village de Colomba d’après l’ami Prosper, mais dans son village, il n’y avait qu’une dizaine de jeunes femmes pour 2 garçons de leur âge! …Donc, hum! Bref, l’une d’entre elles se leva, ses yeux malicieux en amande semblant lui dire : « viens par ici, beau brun ténébreux, tu ne sera pas déçu! »

Le coup de coeur de Paul

Paul, ne songeant déjà plus à sa mission, allait se lever pour lui dire les 3 mots qu’il connaissait en chinois lorsque, hasard ou coïncidence? le jeune type du bar corse (cf Part 1) qui avait assommé Paul d’un coup de carafon aussi dur que traitre, sortit de l’ombre et empoigna l’ex-future dulcinée de l’agent-légionnaire SeCondi-raton!

Ce qu’ignorait Paul, c’est qu’autrefois, c’est à Cholon que l’on trouvait les maisons closes, tripots, fumerie d’opium et autres commerces douteux qui ont contribué à la réputation sulfureuse de Saigon. Rappelons que la mission de Paul, se situe dans les années 60. Ce n’est qu’en 1975, suite à la chute de la ville, que des milliers de commerçants chinois se sont exilés à l’étranger et que leurs établissements ont été fermés. NDLR.

 

Ignorant donc que les bas quartiers étaient fréquentés par des chinois ou des corses douteux, il reconnut instantanément  son compatriote de Arbellara, le village à côté du sien, le même vilain qui l’avait étendu pour le compte : il se dit in petto : « en parlant de compte, je m’en va te’l régler! et chigapiemu chi gampemo! A moi la Légion » Seul hic, pas un légionnaire dans le rade. Paul se plante devant le lascar et lui dit : « hé pays, on le fait à la régulière cette fois? Sans les pieds ni de coups bas, vabé? » L’autre lui sourit et lui répond : « ok vieux, ok… mais écarte les jambes pour voir? » Paul s’exécute en se demandant quelle était cette étrange coutume…La réponse lui arriva sous la forme d’un formidable coup de pied dans les environs de son anatomie qui lui avait valu tant d’antibiotiques (voir Part 1) Paul était à terre, groggy, les yeux embués de larmes, il marmonnait des jurons que jamais un breton n’aurait laissés passer le seuil de ses lèvres purpurines… « Pute borgne, feu de bite, la chiasse au cul verdâtre* … »

pour le fun, photo d’un agent chinois quittant le Lotus Fleuri, démasqué par l’agent SeCondi-raton

 

Il était en train de tenter de se relever, quand il vit l’ombre d’une espèce de gorille, coiffé d’un Stetson, étaler d’un coup d’un seul le vilain corsico et relever sans effort apparent notre ami Paul, (l’agent SeCondi-raton). L’homme au Stetson mâchonnait un chewing-gum et se présenta en anglais : « hello boy, i’m T2off,  ha les petites français, toujours faire le boxe pour le jeune femme! » Paul était mitigé dans ses sentiments : reconnaissance mais aussi honte d’avoir perdu la seconde manche, d’avoir été vu en état de faiblesse par l’agent ricain et surtout par la jeune fille, qui le couvait du regard… Ils sortirent du « salon de thé » Le lotus fleuri et allèrent mettre au point, la mission qui leur avait été confiée…Paul en profita pour faire un cliché de l’agent allié OSS.T2off.

seule photo exploitable de T2off, 1966? archives OSS/DST

Paul s’enquit auprès de l’agent T2off : « dis-moi, T2off, tu connais bien l’Indo, toi? Nous on fait profil bas depuis « Tiens-Bien-Le-Fût ».

« Yess man, et surtout ce quartier de Cholon, (depuis 10 ans), où l’on peut tout acheter! De l’alcool de riz,de l’opium et aussi des filles…dans c’temps-là frenchy-Paul, on savait rire! » 

« Ecoute ce bel poème Paul » : « elle s’était mise sur la paille, pour un maquereau roux et rose, c’était un juif, il sentait l’ail, il l’avait, venant de Formose, tirée d’un bordel de Shangaï…« 

Paul en avait les larmes aux yeux! Il est sensible notre ami Paul! Il le lui dit aussitôt : « C’est beau mon ami américain, c’est beau! » .

T2off : « Oh, c’est pas de moi, mon french-Paul-friend. Je crois que c’est une texte de ta french pote Michel Audiard, dans le movies « une guenon dans l’automne »…

SeCondi-raton : « Bien, à présent mon ami T2off, puisque c’est ainsi qu’on t’appelle, quel est l’objet exact de notre mission? »

T2off : « Notre mission? Non, TON mission »  l’interrompit aussitôt l’américain! « Il faut que tu ramènes dans ta Aubagne, le chinois! Tu ne savais pas cette chose de mission? »

SeCondi-raton : « Le chinois, con? Mais peuchère, il y en a des millions ici? Et ils se ressemblent tous! » Putainggg, ça commence bien! »

T2off : « Allons Paul, toi savoir quand même ce qui se trouve être un chinois pour ton Navy Seal Corps de Légion Etranger?, NO?? »

SeCondi-raton : « Hébé, à Fozzano, pour nous, ce sont des milliards de petites êtres jaunes…tous identiques, con! »

T2off : « regarde plus bas ce que c’est que « LE CHINOIS »**

Ayant à peine prononcés ces mots, les 2 agents occidentaux furent matraqués et embarqués dans un fourgonnette par 4 hommes…jaunes!

Paul et T2off, KO

Là, il va falloir que Paul fasse un remue-méninges avec T2off pour se sortir de piège voire du péril jaune… »Corsica bella! »

 

à suivre, Part 3. La mission.

* interdit aux moins de 7 ans.

** ci-dessous, note explicative sur le chinois, objet dérobé mais que Paul va sans doute retrouver en Chine…

 

** Photo du « chinois » de la Légion : Paul2A,

Part 2, Saïgon.

Le chapeau chinois, pavillon de cuivre garni de clochettes, surmonté de la grenade à sept flammes, est d’origine turque.
Progressivement abandonné au cours du XIXe siècle par la plupart des musiques militaires, il a été conservé par la Légion qui l’a alors orné de queues de cheval. Leur présence trouve son origine dans une vieille coutume ottomane adoptée par les régiments d’Afrique : la queue du cheval tué sous le guerrier était un témoignage de courage. Exposée devant la tente du chef, elle devenait le symbole du commandement.
A l’occasion du renouveau des traditions au sein des unités de l’armée de Terre, le chapeau chinois a récemment été remis en service dans la musique des spahis.